Montclar est en deuil. La commune vient de perdre l’un de ses acteurs incontournables, un Grand Homme à qui elle doit énormément, voir tout.
Au nom de la commune de Montclar, de l’ensemble du conseil municipal, des anciens élus comme des nouveaux, de tous les employés comme de toutes les personnes qui ont travaillé avec lui, je viens adresser un dernier au revoir à un maire exceptionnel, mon oncle, apporter un témoignage de reconnaissance à l’élu, un témoignage d’affection à l’homme et, si j’en juge au nombre de personnes présentes, en ce jour de deuil, je pense que nous partageons tous les mêmes sentiments.
Où que vous posiez votre regard côté Dormillouse, la Salette ou Bramafan vous ne pouvez l’oublier.
Elu maire en 1959, à 29 ans, Henri, était un véritable bâtisseur: des chalets de Serre La Croix, les Grangeasses, au lotissement de Risolet, le Prieuré, en passant par la création de la station, aux villages de vacances. Il a su parcelle après parcelle, réseaux après réseaux, pierre après pierre créer un véritable modèle économique rural « le capitalisme paysan ».
Parti avec rien, il a su mobiliser les fonds des uns et des autres, sans garantie, pour construire notre outil de travail.
L’idée n’était pas de faire intervenir un promoteur extérieur mais de rassembler les familles pour qu’elles investissent elles-mêmes en apportant la garantie financière et avec un objectif de faire fructifier leurs biens.
Pari réussi puisque la commune est passé de 202 habitants à 430, son budget de 1,5 millions d’anciens francs soit 600 euros à l’époque à 4 millions euros en fin de mandature en 2014, et de 9 à 52 élèves à l’école. Il a fait de la mairie une véritable entreprise, je me souviendrai de ce jour où nous étions à Digne à la direction générale des finances au sujet du télésiège pour expliquer quelques principes de gestion.
Sa pugnacité et sa persévérance ont eu raisons de nombreux projets. Pour faire avancer les dossiers, à une époque où les relations avec les services de l’Etat étaient loin d’être dans le dialogue. Il a fallu de nombreux argumentaires et diverses démonstrations pour obtenir quelques autorisations ; même si au départ, il est vrai l’administration, le département, les associations ont beaucoup aidé.
Des combats, il en a mené notamment pour passer la Brèche, combien de procédures pour poser un pylône! Pour maintenir une école, il avait même employé un enseignant ; Pour faire un Plan local d’Urbanisme, il a fallu12 ans ! A l’époque, secrétaire de mairie, nous n’en voyons plus la fin! et bientôt son projet de photovoltaïque commencé en 2008 et qui verra enfin le jour 13 ans après. Il n’y a que dans la longévité qu’il a pu voir aboutir les projets.
Un homme intuitif, pour saisir les opportunités notamment lorsque Mr Maurin est venu lui proposer son projet d’usine d’embouteillage. Il a su mettre à disposition un terrain, un atelier relais et des fonds.
Un homme visionnaire pour trouver une solution à l’exode rural, son vrai challenge ! il a été un des premiers à diversifier les activités 4 saisons dès les années 70, avec le ranch, le minigolf, la piscine, la patinoire…
55 ans de mandats sans discontinuité, une vocation quasi sacerdotale, il s’est dévoué corps et âmes 24h/24h, 7 jours sur 7, toujours accessible et disponible pour tous. Vous êtes assez nombreux ici présents pour en témoigner. Les congés, il ne connaissait pas vraiment ou du moins par pour lui. Les nombreux maires, conseillers régionaux et départementaux que je voie dans l’assemblée savent de quoi je parle : ce service au public quotidien.
Il a accompli ses mandats du premier au dernier jour comme il avait assumé toutes les fonctions que le suffrage lui avait confiées avec humilité, avec sérieux, avec fidélité en gardant les convictions qui n’ont cessé de l’animer.
Mon oncle, c’était la fidélité à des principes et des idées. Il travaillait avec cette idée qu’il faut agir pour le bien commun avec une rigueur de pensée et une volonté d’être efficace. Il était un homme travailleur, méthodique, rigoureux dans les mots et dans les actes. Il savait comme élu, que le respect ne se gagne pas par autoritarisme mais par le travail, par la capacité à connaître son dossier, à savoir en débattre et à le défendre.
La commune peut être fière d’avoir eu un élu engagé au département, à la fédération d’économie montagnarde, à la fédération nationale des maisons familiales, président pendant 30 ans du syndicat d’électrification Seyne Turriers le Lauzet, membre fondateur de l’association nationale de l’économie de montagne et cette liste est non exhaustive.
Il a mis la barre un peu haute, tellement que nous sommes pas assez de 5 pour témoigner en ce jour et représenter ce qu’un seul homme a pu faire.
D’autant plus qu’il a été élu à une époque où, le téléphone portable, les mails et les visio n’existaient pas. Souvent je me pose la question comment faisait-il? Tous ces déplacements, les kilomètres effectués, le nombre de courriers envoyés!
Au nom des Montclarines et des Montclarins, MERCI
Merci pour nous avoir consacré cette vie, toutes ses heures données, longtemps sans indemnités, ni bureau,
Merci pour ce bel héritage, cet exemple que nous devons préserver et faire prospérer,
Merci à sa famille, ses enfants et ses petits-enfants, à son épouse Lucette, tatie, toujours à ses côtés, à le soutenir et à travailler dans l’ombre quotidiennement,
Henri aujourd’hui, tu nous quittes satisfait de l’abondante neige tombée qui recouvre tous ces espaces que tu as parcouru des centaines de fois.
Aujourd’hui la boucle est bouclée, nous voilà revenu au jour de l’inauguration de la station où tant de neige était tombée!
Je reprendrai un extrait d’un poème de René Char « Avec ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler et pourtant ce n’est pas le silence »
La commune reconnaissante, le restera à jamais.
Et comme tu le disais si bien, « Ainsi va le monde! »